Entretien avec Florence Rossignol, assistante de recherche - ADD ASSOCIÉS
15 Jan 2021

Entretien avec Florence Rossignol, assistante de recherche

Florence Rossignol ne le cache pas : « l’Etude, oui, je la connais par cœur ! », mais son humilité et sa modestie sont mises à mal lorsqu’on lui demande de parler d’elle(s). Pilier plus que première ligne, Florence n’aime guère se mettre en avant ; et il faut échanger un peu avec elle pour être mise dans la confidence et savoir, notamment, qu’elle est rêveuse et pudiquement artiste. Car si elle est là depuis plus de 20 ans, elle a, pour autant, eu une première vie ! Étudiante en dessin, elle se marie à un photographe et travaille en tant que décoratrice d’intérieur. Deux magnifiques filles plus tard, Florence - qui a un temps décidé, louve, de « donner l’avantage à sa famille » - cherche à nouveau du travail : c’est ainsi qu’elle entre, en 1999, chez ADD. Recrutée à temps partiel sur des tâches au départ de « bricolage », elle obtient six mois après, un poste d’assistante de recherche. Elle concède avoir changé pas mal de fois d’équipe (ne le lui dites pas, mais on se la dispute !) mais n’avoir jamais souhaité quitter ce qui désormais est un peu sa seconde famille. Et d’ailleurs, en parlant de famille(s), peut-être faut-il le préciser : ADD Associés, sa fille y a fait ses premiers stages, sa sœur - responsable financière - y travaille depuis plus longtemps qu’elle encore, et même son père y a, un temps, fait des travaux de comptabilité. « Ah ça oui, chez moi, ADD, on y est liés depuis longtemps » !

En quoi consiste votre travail chez ADD ?

Chaque jour réserve son lot de surprises ou d’urgences. Un important dossier qui tombe, un dossier en concurrence : il faut être réactive ! En plus, bien sûr, des tâches proprement administratives qui sont, elles, quotidiennement les mêmes. Chaque assistant(e) est un pilier central pour son équipe et doit en assurer le bon fonctionnement, avec l’aide bien sûr du chef d’équipe ; il faut pouvoir répondre aux demandes de chacun des membres, uniformément. Mon rôle consiste à préparer les documents destinés aux héritiers, aux administrations ou tout autre organisme susceptible de nous apporter des informations pour nos recherches ; à préparer les dossiers pour le service du règlement qui prend ensuite le relais. Je suis également souvent sollicitée pour former les nouvelles recrues, c’est d’ailleurs un aspect de mon poste qui me plait : j’aime transmettre mes connaissances sur un métier encore assez peu connu. Il est parfois difficile de former des assistant(e)s car certaines informations sont spécifiques au métier et il faut un peu en connaitre les rouages : parfois, on sent les recrues un peu perdues et perplexes ! Je considère avoir de la chance car, ancienne dans la maison, on me laisse depuis peu faire des recherches ponctuelles ; ceci devrait se renouveler et me réjouit : je ne veux pas m’improviser chercheure, mais aller fouiller des archives pour trouver un document me plait, c’est un peu comme chercher un trésor !

Je dirais, pour résumer, que cohésion, communication et anticipation sont les maîtres mots.

Quelles sont, d'après vous, les qualités requises pour travailler en tant qu'assistant(e) dans le milieu de la généalogie successorale ?

Comme dans beaucoup de poste, il faut, en premier lieu, être organisée, méthodique et rigoureuse. Étant donné l’aspect dynamique et parfois non prévisible des tâches - lié à la diversité des dossiers -, il faut aussi être flexible et réactive. Je pense également qu’il faut une bonne dose de curiosité et d’esprit d’initiative : parfois, j’ai même l’impression qu’il faut être devin ! Trêve de plaisanterie : l’anticipation est cruciale. Nous devons nous adapter à chaque situation et à chaque chercheur. Assister une équipe ne consiste pas seulement à attendre le travail mais aussi à l’anticiper ; chacun a un rôle à jouer pour que la mécanique soit bien huilée ! Je dirais, pour résumer que cohésion, communication et anticipation sont les maîtres mots. Et puis, enfin - mais n’est-ce pas le cas de tout travail s’il l’on souhaite qu’il soit agréable ? - il ne faut pas oublier d’être souriant !

Quel contact avez-vous avec les héritiers ? Est-ce un aspect de votre métier qui vous plait ?

En l’absence des chercheurs, nous sommes tenus de prendre les appels et nous avons donc régulièrement les héritiers en ligne. J’avoue, même après 20 ans d’expérience, avoir toujours une petite appréhension avant de répondre : avoir un héritier au bout du fil et lui apprendre qu’il s’agit de la succession de son enfant ou d’un de ses parents est toujours un moment qui peut s’avérer délicat. Et puis, je suis quelqu’un qui fonctionne à l’affect et je ne peux pas m’empêcher de me mettre à la place de l’héritier qui reçoit la nouvelle. Et alors, je m’interroge : quelle serait ma réaction si j’étais contactée par un généalogiste ? Cela m’aide à conduire ma conversation… J’aime assez, en plus, interroger les héritiers sur leur famille afin d’obtenir des informations. Ce que j’aime en fait c’est découvrir leurs histoires. En général, au début, ils sont méfiants, sur la réserve et au bout de quelques minutes - pour peu qu’on ait réussit à créer un climat de confiance - ils comprennent que nous voulons aussi les aider… Cette bienveillance me semble très importante. Après, cela peut occasionner des moments étonnants : je me suis déjà retrouvée dans la confidence de véritables secrets de famille ! Il faut savoir, globalement, les écouter sans les juger, ne pas les heurter avec des questions qui pourraient paraitre intrusives.

Je suis quelqu’un qui fonctionne à l’affect et je ne peux pas m’empêcher de me mettre à la place de l’héritier qui reçoit la nouvelle.

20 ans dans le milieu de la généalogie : avez-vous observé de grandes mutations ?

Oui, je l’observe. Le but est certes toujours le même, c’est-à-dire retrouver des héritiers, mais les méthodes du métier ont, elles, beaucoup changé, notamment avec la numérisation et la mise en ligne des sources. Elles sont rendues plus facilement accessibles. C’est un gain de temps considérable. Les chercheurs se déplacent moins, puisqu’ils peuvent désormais travailler de leur bureau. Cela a aussi eu des effets sur mon propre quotidien. Cette numérisation a un peu modifié la répartition de nos temps de travail. Le rôle d’assistant(e) a, par voie de conséquence, aussi évolué. Et puis plus largement, les mutations se sont aussi faites, en interne, dans une forme de modernisation de notre organisation : notamment en nous associant physiquement à une équipe. Au début toutes les assistant(e)s travaillaient dans le même bureau ; nous étions donc réuni(e)s par types d’activités ; depuis une dizaine d’année, nous partageons celui de notre équipe ; c’est plus cohérent et cela aide à l’efficacité. La co-présence permet en effet une plus grande réactivité. Et puis disons-le : être en permanence ou presque dans un même lieu, tous ensemble, peut aussi occasionner des scènes drôles ! Je me rappelle d’un jour où j’écoutais un chercheur, à côté de moi, interroger une famille au téléphone lorsque je me suis aperçue qu’il s’agissait de celle de ma meilleure amie !