[INTERVIEW] Portrait de Myrtille Dumonteil – L’œil, le cœur et le marteau

Quatrième portrait de la série “Famille de cœur” – par ADD Associés
Depuis plus de vingt ans, Myrtille Dumonteil met son expertise au service d’un métier où l’objet, la mémoire et la justice s’entrelacent. Commissaire-priseur volontaire et judiciaire, fondatrice de la maison de ventes aux enchères Art Valorem, elle œuvre au quotidien pour révéler la valeur des patrimoines personnels, qu’ils soient modestes ou exceptionnels. Dans cette nouvelle rencontre de notre série « Famille de cœur », elle évoque la richesse d’un métier à trois voix : l’art, la loi et l’humain. Et nous rappelle qu’un inventaire bien mené est parfois un acte de réparation autant qu’un acte d’estimation.
Une vocation née d’un regard d’enfant
Depuis l’enfance, Myrtille Dumonteil est sensible à ce que les objets disent de nous. Bijoux portés, bibelots accumulés, tableaux suspendus dans un silence familial : tout l’intriguait déjà. À Deauville, chaque week-end, elle assiste en famille aux ventes animées de Maître le Houelleur, commissaire-priseur à l’hôtel des ventes voisin. Ce rendez-vous presque rituel la captive : une scène où les objets changent de mains, et où la mémoire s’échange à coups de marteau. Si le droit s’imposera plus tard comme socle rassurant, ce sont les objets, leurs histoires et leur transmission, qui deviendront son véritable terrain d’expression.
Diplômée commissaire-priseur avant la réforme de 2000, elle cofonde sa maison de vente, Art Valorem en 2007, avant de racheter une étude judiciaire en 2015. Cette double casquette – volontaire et judiciaire – reflète un engagement total pour un métier qui conjugue expertise, sens du service public et profonde humanité.

Passion triple : l’art, la justice, les histoires humaines
Dans le quotidien de Myrtille Dumonteil, aucune journée ne ressemble à la précédente. Chaque mission l’emmène dans un nouvel univers : une collection à inventorier, une famille à accompagner, une salle de ventes à animer. Mais au-delà des objets, c’est ce qu’ils racontent qui l’anime : les fragments de vie, les transmissions silencieuses, les ruptures aussi. Derrière chaque inventaire, il y a une histoire singulière — celle d’une personne, d’un lien, d’une étape charnière de l’existence : décès, déménagement, dette… les fameux « 3D », qui rendent chaque intervention aussi délicate qu’essentielle.
Elle le rappelle : « On ne vend jamais de gaieté de cœur. » Son rôle ne s’arrête donc pas à la valorisation matérielle. Il consiste aussi à écouter, rassurer, expliquer. Une forme de médiation discrète et bienveillante, qui fait du commissaire-priseur un témoin autant qu’un professionnel de la valeur.
L’émotion dans l’inventaire
Dans son activité judiciaire, notamment les inventaires successoraux, la rigueur technique côtoie souvent l’émotion brute. Myrtille Dumonteil garde en mémoire des situations marquantes, comme cette ouverture de coffre avec ADD Associés et une héritière retrouvant les bijoux spoliés de sa mère – moment de vérité, de chagrin, mais aussi de réparation symbolique.
Ces moments d’intimité imposent une posture délicate : faire preuve de précision, mais aussi de discrétion ; d’autorité, mais aussi d’écoute. Lorsqu’elle intervient aux côtés de généalogistes, les héritiers sont souvent absents. Alors, l’objet devient un indice, une pièce d’enquête. Et chaque détail compte pour reconstituer l’histoire d’une vie.
Le marteau et la salle
À l’Hôtel Drouot à Paris, comme dans d’autres salles, elle dirige des ventes avec une énergie de chef d’orchestre. Attraper les regards, relancer une hésitation, faire monter les enchères avec justesse : c’est là que s’exprime une autre facette du métier, faite de rythme, de tension, et parfois… d’épuisement heureux. Si la vente d’une collection de Bernard Buffet a marqué un tournant dans sa carrière, ce sont les ventes dites « courantes » qui l’enthousiasment le plus : celles où l’humain reprend le dessus sur la cote.
Transmission, mémoire et enquête
Chez Myrtille Dumonteil, la transmission n’est pas un mot creux. C’est une expérience quotidienne. Elle raconte avec émotion la découverte, au fil d’un inventaire, d’un carnet relatant une traversée vers Guernesey… en compagnie de Madame Hugo. Ou encore cette édition originale des Fleurs du mal, dédicacée par Baudelaire, exhumée d’une bibliothèque discrète lors d’un inventaire mené aux côtés d’ADD Associés. À travers ces objets, c’est la grande Histoire qui s’invite dans le quotidien des familles.
La provenance devient ainsi un enjeu croissant, notamment pour répondre aux exigences légitimes de transparence, face aux risques de spoliation ou d’acquisitions illicites. L’enjeu n’est pas seulement juridique : il est éthique.

Le féminin pluriel
Si la profession s’est féminisée, elle reste encore marquée par certains déséquilibres. Myrtille Dumonteil évoque avec gratitude ses modèles et consœurs, à commencer par Maître Chantal Pescheteau-Badin, pionnière installée dès 1973, chez qui elle a été formée.
Elle rend également hommage à Maître Marie-Françoise Robert, dont elle a repris l’étude en 2015, et qu’elle décrit comme une femme d’une grande détermination et d’un courage remarquable.
Aujourd’hui encore, elle milite pour une représentation plus équilibrée, notamment au sein des instances de Drouot. La diversité des regards, dit-elle, est une force. Pour la profession comme pour les clients.
ADD Associés : un lien de confiance
La collaboration avec ADD Associés est d’abord une histoire de confiance mutuelle. Lorsque les héritiers sont absents, le tandem généalogiste / commissaire-priseur devient le garant de la transparence et de l’exhaustivité.
Myrtille Dumonteil le sait : la précision de ses inventaires et sa capacité à identifier chaque objet, de la cave au grenier, permettent à ADD de renseigner pleinement les ayants droit.
Une phrase qui guide
Au-delà des mandats, c’est une « famille professionnelle » qui s’est constituée, faite de notaires, de généalogistes, de crieurs, de manutentionnaires. Chacun joue sa partition pour que le résultat final soit à la hauteur – non seulement financière, mais aussi humaine.
Un conseil qu’elle a reçu, et qu’elle transmet aujourd’hui aux jeunes qu’elle forme : « N’avoir aucun préjugé et garder l’esprit curieux. »
Car l’objet le plus précieux se cache parfois dans la maison la plus modeste. Et il faut toujours garder en tête cette part de chasse au trésor. Ce mélange de rigueur et d’imagination, c’est peut-être ce qui résume le mieux son métier.
…
ADD Associés est fier et honoré de collaborer avec la maison de vente Art Valorem, dirigée par Myrtille Dumonteil. Ce lien professionnel, nourri d’exigence et de confiance, illustre ce que nous appelons notre « famille de cœur » : des partenaires qui partagent les mêmes valeurs d’écoute, de transmission et de rigueur au service des familles et de leur histoire.


